GALERIE THIERRY MATRANGA

Huile sur panneau renforcé. École hollandaise du milieu du 17e siècle, atelier de Pieter Claesz (1596/98 – 1661).

Notre composition appartient à un genre porté à son sommet par Pieter Claesz : la nature morte à tendance monochrome. Dans un apparent désordre où mets et pièces d’orfèvrerie sont posés pêle-mêle sur un entablement, le peintre invite le spectateur à faire ripaille, la profusion d’objets évoquant l’abondance. Fidèle à l’art de Claesz, notre peinture revêt une grande harmonie qui trouve son équilibre à travers des poids d’ombre et de lumière savamment dosés. Comme l’aurait fait un orfèvre, il cisèle une tazza en argent renversée et tel un potier d’étain, il déploie une vaisselle jouant avec le jour. Notre œuvre, dont la palette de couleurs se concentre dans des camaïeux de brun, d’ocre et de gris, est bien éloignée de l’art opulent et extraverti des Flandres, elle invite à l’introspection. Ici une tazza est renversée, là un couteau et un plat d’étain sont en équilibre. Prêts à chuter, ils nous rappellent la fragilité de la vie.

L'épanouissement de la nature morte, comme genre à part entière, est étroitement lié à l'histoire des Pays-Bas. En regard des Flandres catholiques sous tutelle de l'Espagne, les Provinces-Unies du Nord, calvinistes, ont acquis une grande aisance économique grâce à leur autonomie et à leurs commerçants. Haarlem est l’exemple même des villes-refuges où s’établissent des personnes venues des Flandres et d'Anvers en quête de liberté. La ville n'est pas seulement celle de Frans Hals mais aussi le centre de la peinture maniériste en Hollande, et elle compte plusieurs maîtres spécialisés dans le genre de la nature morte dont Pieter Claesz et Willem Claesz Heda sont les chefs de file.

 

Comme cela est de rigueur pour les peintures hollandaises du Siècle d’Or, notre nature morte est présentée dans un puissant cadre à profil renversé en bois noirci.

Dimensions: 64 x 88 cm le panneau – 90 x 114 cm avec le cadre.

Œuvre en rapport : L’ordonnancement des objets dans l’espace, le format et la gamme chromatique ne manquent pas de rappeler le tableau conservé en collection privée et présenté lors de l’exposition de Zürich en 2004 : Entablement au pichet à large panse, au gobelet d'argent renversé, roemer, verre cannelé et chapon rôti daté de 1647.

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Biographie : Pieter Claesz (Berchem 1596/98  – Haarlem 1661) s’installe à Haarlem avant 1617, ville dans laquelle il travaillera jusqu’à sa mort. Avec Willem Claesz Heda, il est le maître de l'école haarlémoise de nature morte à tendance "monochromiste". Ses œuvres de jeunesse, exécutées entre 1621 et 1630 (Nature morte, 1624, Rijksmuseum ; Vanitas, 1624, Dresde Gemälde Galerie ou Nature morte aux instruments de musique, 1625, Musée du Louvre) présentent une certaine proximité avec l’art de Floris Van Dyck ou de Nicolaes Gillis ; avec un point de vue en légère plongée et des couleurs assez soutenues. Sa période véritablement "monochrome" s'étend sur une dizaine d’année, de 1630 à 1640 environ. Et un des meilleurs exemples est sa Nature morte de petit déjeuner peinte en 1636 (Museum Boijmans Van Beuningen, Rotterdam), plus concentrée et plus cohérente, où les objets sont davantage liés et où la tonalité générale très sourde s'organise autour d'une gamme de gris-bruns. Par le raffinement et l'intimité de ses compositions, Pieter Claesz a ouvert la voie à une nouvelle conception de la nature morte. Pieter Claesz est le père du peintre de paysage Nicolaes Pietersz Berchem.

 

Bibliographie :

• BRUNNER-BULST, Martina, Pieter Claesz, 2004, Luca ;

• BIESBOER Pieter, BRUNNER-BULST Martina, GREGORY Henry D, KLEMM Christian, Pieter Claesz Master of Haarlem Still Life, 2004, Belser;

• MEIJER, Fred G., The Ashmolean Museum Oxford. Catalogue of the Collection of Paintings, The Collection of Dutch and Flamish Still life Paintings Bequeathed by Daisy linda Ward, 2003, Zwolle;

• GRIMM, Claus, Natures mortes flamandes, hollandaises et allemandes, 1988, Herscher ;

• GREINDL, Edith, Les peintres flamands de nature morte au XVIIe siècle, 1983, Michel Lefebvre Editions d’Art